Dans la Méthode MAIN, l'approche du travail et des organisations du travail est clairement marquée par ma propre vision de la réalité sociale du monde du travail. Ma vision étant le résultat de près de 30 années d'activité dans des milieux professionnels variés et dans des organisations du travail petites, moyennes et grandes, dans le secteur public comme dans le privé.
La discipline scientifique qui correspond le mieux à mon approche (qui elle, n'est pas "scientifique") est la sociologie clinique. C'est en 1992 (année de création de MAIN CONSULTANTS) que Vincent de Gaulejac a organisé le premier colloque de sociologie clinique en France, à l'université Paris 7. La sociologie clinique est une orientation transdisciplinaire qui touche tout à la fois la sociologie, la psychologie, la psychanalyse, les sciences de l'éducation, l'anthropologie, l'histoire, etc. Grosso modo, la sociologie clinique est proche de la psychosociologie. La sociologie clinique s'intéresse à la dimension existentielle des rapports sociaux. Comme le dit de Gaulejac, elle se veut "au plus près des acteurs" et de leur vécu (car étymologiquement, "clinique" signifie "près du lit du patient"). C'est donc une sociologie phénoménologique qui s'intéresse particulièrement à la subjectivité, à l'acteur-sujet, aux sentiments sociaux, aux émotions collectives, aux faces obscures des phénomènes sociaux, aux jeux du désir et du pouvoir, à l'imaginaire collectif.
Dans le sillage de Vincent de Gaulejac et de son équipe du Laboratoire de Changement Social, la sociologie clinique a abordé des champs très utiles dans le contexte de la Méthode MAIN :
- l'intervention (parce qu'on ne peut pas/ on ne doit pas dissocier réflexion et action)
- le travail (parce que le monde du travail est aujourd'hui en mutation profonde, parce que ces changements bouleversent les rapports sociaux et parce qu'ils ont des conséquences psychiques importantes sur les individus)
- la violence politique (parce que sa compréhension est au coeur de l'articulation entre des processus sociaux de domination)
- la démocratie (parce que la question de "l'être ensemble" ne peut être posée que si l'on analyse les pulsions destructices qui traversent nos sociétés)
- l'imaginaire (parce que la société et ses institutions sont, et peut-être d'abord, des constructions imaginaires et symboliques).
La Méthode MAIN est un référentiel conceptuel et méthodologique explicitement centré sur les nouvelles pratiques de collaboration en ligne. Et je précise bien : dans le monde du travail. Elle donne donc des outils pour la réflexion et l'action "sur le terrain" de nos organisations actuelles. Pour la réflexion, la Méthode MAIN a un parti pris : celui de la critique constructive de l'idéologie managériale qui domine dans nos organisations depuis une cinquantaine d'années. Disons pour préciser les repères qu'il s'agit principalement de l'idéologie du management participatif... Et de ses dérives actuelles dans le domaine de la communication au travail. Et par conséquent dans le domaine de ce qu'on appelle communément le "travail collaboratif".
La Méthode MAIN est une méthode-action engagée (comme d'ailleurs la sociologie clinique est une sociologie engagée). On cherche à comprendre les organisations du travail telles qu'elles sont, on cherche à dégager des méthodes d'action qui modifient le travail réel et le travail vécu par les individus et les groupes.
Au-delà du champ scientifique de la sociologie clinique (et des excellents ouvrages publiés dans ce domaine), il y a quelques auteurs très intéressants qui apportent des éclairages utiles à la compréhension des réalités du management et des organisations (donc utiles aux démarches de changement). Je citerais notamment :
Michela Marzano, avec son dernier livre (septembre 2008) "Extension du domaine de la manipulation : de l'entreprise à la vie privée". Docteur en philosophie et chercheur au CNRS.
Jean-Pierre Le Goff avec "Le mythe de l'entreprise : critique de l'idéologie managériale" (1995). Philosophe, sociologue au CNAM. Voir une fiche de lecture ici.
Etienne Rodin avec "Produisez, consentez ! : critique de l'idéologie managériale" (2007). Sociologue, ex-consultant en ressources humaines. Voir son livre sur Amazon.
Dans un autre registre : Alexandre des Isnards et Thomas Zuber "L'open space m'a tuer" (2008). Consultants en exercice (depuis 9 ans). Voir leur livre sur Amazon.
Thomas Périlleux avec "Idéologie managériale et résistance à l'aliénation" (2004). Chargé de cours à l'Université Catholique de Louvain
Philippe Askenazy avec "Les Désordres du travail. Enquête sur le nouveau productivisme" (2004). Economiste, chercheur au CNRS. Voir son livre sur Amazon.
Jeffrey Pfeffer et Robert Sutton (trad. Sabine Rolland) avec "Faits et foutaises dans le management" (2007). Jeffrey PFEFFER et Robert SUTTON sont professeurs de management et comportement organisationnel à l'université Stanford. Voir leur livre sur Amazon.
Richard Farson avec "En finir avec les poncifs du management. Quelques principes essentiels de gestion qui bousculent les théories" (réed. 2008). Voir son livre sur Amazon. Psychologue, président de l'Esalen Institute.
Voir aussi une sélection bibliographique sur le "changement : un signifiant de l'idéologie managériale" (mise à jour le 8 novembre 2008).